Cecile Lebon 1 Heike Neubauer 2 Marianne Berdugo 1 Kimberley Delaunay 1 Elke Markert 2 Kolja Becker 2 Katja Baum-Kroker 2 Jürgen Prestle 2 Holger Fuchs 2 Remko Bakker 2 Francine Behar-Cohen 1,
Sommaire de l’article
Des nouvelles approches thérapeutiques pour soigner la rétinopathie diabétique.
Le diabète est une maladie qui provoque une quantité anormale de glucose dans le sang et qui peut impacter différents organes. Lorsque les taux élevés de sucre dans le sang commencent à endommager les vaisseaux sanguins de la rétine, on parle de rétinopathie diabétique. Cette maladie survient chez près d’un tiers des patients diabétiques.
À un stade avancé de la maladie, celle-ci se caractérise par une néovascularisation : de nouveaux vaisseaux sanguins se forment et peuvent saigner dans la rétine ou dans le corps vitré (le gel transparent qui remplit l’œil). Un œdème maculaire peut également survenir à n’importe quel stade de la maladie et celui-ci peut provoquer une déficience visuelle sévère.
Il existe différents traitements pour soigner la rétinopathie diabétique notamment les injections d’anticorps anti-VEGF, les glucocorticoïdes, ou encore la photocoagulation par laser. Ces traitements aident à réduire les fuites de liquide dans la rétine, ce qui permet aux patients d’améliorer leur acuité visuelle.
Cependant, les traitements qui sont utilisés actuellement ne soignent pas complètement l’œdème et l’ischémie maculaire et ce sont elles précisément qui provoquent des pertes de vision importantes. En effet, celles-ci touchent la macula, la zone de la rétine qui permet la vision centrale et fine.
Plusieurs molécules sont actuellement à l’essai et semblent être des approches thérapeutiques prometteuses. Dans cette dernière étude, l’équipe du Professeur F. Behar Cohen a cherché à évaluer le potentiel de la molécule BIRKI (Rho Kinase Inhibitor, Boehringer Ingelheeim). Celle-ci est ce qu’on appelle un inhibiteur de kinase, c’est-à-dire une protéine qui bloque l’action d’une autre protéine. Dans notre cas, on cherche à inhiber l’activation de la protéine ROCK (Rho-associated Kinase) qui contribue au développent de la rétinopathie diabétique en provoquant une rupture de la barrière vasculaire rétinienne.
En testant la molécule BIRKI sur des rats atteints de rétinopathie diabétique, nous avons pu observer des effets positifs. Tout d’abord, le BIRKI a restauré la morphologie et la distribution des cellules épithéliales pigmentaires rétiniennes. Ceci est essentiel car ce sont elles qui maintiennent la rétine en bonne santé et qui empêchent l’œdème maculaire de se former. Le BIRKI a également favorisé la dilatation des capillaires rétiniens et il a réduit l’hypoxie (manque d’oxygène) ainsi que la fuite de la barrière sanguine interne observée dans la rétinopathie diabétique. Par ailleurs, aucun effet négatif fonctionnel ou morphologique n’a été observé, ce qui suggère une tolérance adaptée au traitement. Des études de toxicologie doivent encore être menées pour s’assurer que l’injection du BIRKI dans l’œil ne présente pas d’effets nocifs sur le long terme et il faudra par la suite confirmer les effets positifs du traitement chez l’homme.
Long-Term Oral Treatment with Non-Hypoglycemic Dose of Glibenclamide Reduces Diabetic Retinopathy Damage in the Goto-KakizakiRat Model
Marianne Berdugo 1 , Kimberley Delaunay 1 , Cécile Lebon 1 , Marie-Christine Naud 1 , Lolita Radet 1 , Léa Zennaro 1 , Emilie Picard 1 , Alejandra Daruich 1,2, Jacques Beltrand 3,4,5, Elsa Kermorvant-Duchemin 1,6, Michel Polak 3,4,5,7 , Patricia Crisanti 1 and Francine F. Behar-Cohen 1,8,
Prévenir les dommages (neuro-dégénératifs) de la rétinopathie diabétique
La rétinopathie diabétique est l’une des conséquences du diabète. C’est une maladie qui survient lorsque les vaisseaux de la rétine sont atteints et qu’ils ne fonctionnent plus correctement. Cette maladie peut ainsi provoquer une perte importante de la vision. Cela est dû aux œdèmes maculaires qu’elle déclenche ainsi qu’à la mort des cellules nerveuses de la rétine. Des études précédentes ont montré que la structure et la fonction de la rétine pouvaient être préservées grâce à l’administration de glibenclamide dans le vitré de l’œil. Le glibenclamide est un médicament antidiabétique qui appartient à la famille des sulfamides hypoglycémiants. Il permet de diminuer l’excès de sucre dans le sang en favorisant la sécrétion d’insuline. Par ailleurs, des études ont montré que cette molécule semble aussi avoir des effets neuroprotecteurs. En effet, elle est indiquée pour traiter le diabète sucré néonatal chez les nouveau-nés, les nourrissons et les enfants, et a montré des effets positifs sur leurs troubles du développement neuro-psychomoteur [1].
Ceci nous a mené à nous intéresser davantage aux effets de cette molécule sur les évènements neurodégénératifs de la rétinopathie diabétique (c’est-à-dire, la mort de cellules visuelles dans la rétine).
Dans cette dernière étude, nous avons donc analysé les effets d’une administration chronique de glibenclamide, sur une durée d’un an, chez des rats atteints de rétinopathie diabétique. Nous avons évalué l’intégrité de l’épithélium pigmentaire rétinien (EPR), l’épaisseur des couches rétiniennes, et la fonction visuelle. Les résultats ont montré des effets positifs sur ces différents signes de rétinopathie diabétique. L’épaisseur de la rétine a été réduite chez les rats traités, ce qui suggère une diminution de l’œdème et un potentiel traitement pour empêcher l’œdème maculaire de se développer chez l’homme.
Les réponses électriques de la rétine aux flashs lumineux ont été améliorées, ce qui montre une réduction de la baisse de leur vision. (Effets sur Neuro degeneration ? ) D’autres études doivent encore être menées pour confirmer ces résultats, développer une voie d’administration adaptée, et pouvoir, par la suite, traiter des patients diabétiques.
[1] https://www.ema.europa.eu/en/documents/product-information/amglidia-epar-product-information_fr.pdf