Dr Alejandra Daruich-Matet, Hôpital Necker-Enfants Malades, Centre de Recherche des Cordeliers
Jean-Claude Jeanny, Dr es Sciences, CNRS, Centre de Recherche des Cordeliers
La rétine est la fine membrane qui tapisse le fond du globe oculaire et qui est photosensible. Elle capte les rayons lumineux qu’elle convertit en un influx nerveux qu’elle transmet au cerveau via le nerf optique. La rétine est l’objet de décollements (1 à 2 personnes sur 10 000 chaque année), qui surviennent chez des personnes à risque âgées de 40 à 70 ans, en particulier chez les myopes. Ces décollements sont quelques fois d’origine traumatique (coup, choc). Les décollements font suite à une déchirure de la rétine (dans 99% des cas) et se caractérisent par la présence de liquide intraoculaire qui s’accumule sous la rétine et la soulève. Cela s’accompagne de troubles de la vision (impressions de mouches volantes et d’éclairs bleutés). Il convient de consulter immédiatement un ophtalmologiste pour éviter l’aggravation et procéder à la réadhésion de la rétine au fond d’œil (tamponnement). La rétine décollée fait l’objet d’une intervention chirurgicale avec la ponction de liquide sous-rétinien et l’injection d’un gaz dans le vitré. La phase de réadhésion de la rétine au fond d’œil dure généralement de 2 à 8 semaines. L’évolution post-opératoire du décollement de rétine peut être compliquée par un séjour en altitude, voire par un voyage en avion. En effet, la pressurisation d’une cabine d’avion correspond à la pression atmosphérique rencontrée à 2 500m d’altitude. Or lors d’une montée en altitude, la pression atmosphérique diminue et selon la loi de Boyle : si la pression d’un gaz diminue, son volume augmente. Dans le cas de l’œil, cela induit une expansion de la bulle de gaz intraoculaire et donc une augmentation de la pression à l’intérieur de l’œil (PIO, hypertonie oculaire), ce qui occasionne une lésion irréversible du nerf optique et donc la cécité.
En conclusion, il est conseillé pendant toute la durée du traitement d’un décollement de rétine par tamponnement, de ne pas monter en altitude et même de ne pas prendre l’avion, ou bien de procéder à des paliers avec un traitement médicamenteux approprié par voie orale. Cette étude a fait l’objet d’un article émanant de A. Daruich, A. Matet et F. Behar-Cohen de l’équipe du Professeur F. Behar-Cohen, avec le soutien du CRO.