Suite de l’article d’Alicia Torriglia

Les endo­nu­cléases sont des enzymes qui coupent l’ADN. Si l’activité endo­nu­cléase est très impor­tante dans une cel­lule, les sys­tèmes de répa­ra­tion de l’ADN ne peuvent plus répa­rer et elle se retrouve avec un génome très abî­mé ce qui la fait mourir.
Cette décou­verte a été très inté­res­sante car nous avons mon­tré, pour la pre­mière fois, qu’une pro­téine qui pro­tège la cel­lule peut, à l’image de Judas ou d’un che­val de Troie, se trans­for­mer en son pire enne­mie, l’outil de sa destruction.
A l’heure actuelle on s’aperçoit que cette pro­prié­té, anti­mort dans cer­taines cir­cons­tances, pro-mort dans d’autres, est loin d’être une excep­tion. De fait, les études menées par de nom­breuses équipes montrent que les pro­téines qui avaient été consi­dé­rées pro­mort par excel­lence ont aus­si une fonc­tion impor­tante pen­dant la vie de la cel­lule. Ceci a pris une telle ampleur qu’il est actuel­le­ment consi­dé­ré, par la com­mu­nau­té scien­ti­fique, que si une pro­téine pro-mort n’a pas une fonc­tion connue dans la sur­vie des cel­lules c’est juste parce qu’on n’a pas encore été capables de trou­ver cette fonction.
On pour­rait légi­ti­me­ment se deman­der si tou­cher aux molé­cules qui par­ti­cipent à la mort d’une cel­lule peut effec­ti­ve­ment affec­ter leur des­tin. Nous avons étu­dié ceci en uti­li­sant un modèle de dégé­né­res­cence réti­nienne arti­fi­ciel, la dégé­né­res­cence induite par la lumière (figure 2).
Nous avons mon­tré que la mort des pho­to­ré­cep­teurs qui se pro­duit dans ce modèle expé­ri­men­tal passe par la voie que nous avons décrite pré­cé­dem­ment. Nous avons donc inhi­bé cette voie. Pour ceci nous avons injec­té dans les yeux de rats un inhi­bi­teur de l’enzyme qui trans­forme l’anti-protéase en endonucléase.

Cette injec­tion nous a per­mis de pro­té­ger les pho­to­ré­cep­teurs comme on le voit sur la (figure 3).
Ces résul­tats sont très encou­ra­geants car ils sug­gèrent que l’idée de base est à même de fonc­tion­ner. C’est une bonne nou­velle. À un détail près.
Cette approche ne peut pas être appli­quée par­tout mais seule­ment dans les cas où c’est cette voie de la mort cel­lu­laire qui s’active.
Ceci nous ramène à la notion ini­tiale. Pour avoir une action sur la mort des cel­lules, pour les pro­té­ger, il faut connaître les méca­nismes de mort dans la patho­lo­gie que nous vou­lons traiter.
Nous espé­rons, dans les pro­chaines années, pou­voir déve­lop­per cette approche. Nous devons pour cela carac­té­ri­ser les types de mort cel­lu­laire dans dif­fé­rentes patho­lo­gies réti­niennes, puis ima­gi­ner des moyens de les contrôler.
Nous devons aus­si déve­lop­per la recherche fon­da­men­tale sur ce sujet. En effet, rien ne nous laisse pen­ser que toutes les voies de la mort cel­lu­laire ont été, à ce jour, caractérisées.

LEXIQUE :
• Apop­tose : l’apoptose est la mort cel­lu­laire pro­gram­mée. L’apoptose désigne l’en­semble des méca­nismes sur­ve­nant au sein de la cel­lule et abou­tis­sant à la mort de celle-ci phy­sio­lo­gi­que­ment c’est-à-dire nor­ma­le­ment et ceci après que la cel­lule ait reçu un mes­sage entre autres d’in­ter­leu­kines ou après un contact avec des cel­lules tueuses.
• Endo­gène : terme ou adjec­tif dési­gnant ce qui se pro­duit dans un orga­nisme ou qui émane de celui-ci (qui pro­vient du dedans, qui prend nais­sance à l’in­té­rieur) par oppo­si­tion à ce qui est exogène.
• Inté­grine : récep­teur situé sur une mem­brane cellulaire.
• Inter­leu­kine : sub­stance fabri­quée par l’organisme, ayant des pro­prié­tés anti­vi­rales et anti­can­cé­reuses sus­cep­tibles de s’adapter au fonc­tion­ne­ment immu­ni­taire (sys­tème per­met­tant à une per­sonne de se défendre).
• Méca­nisme anti-oxy­dant : sub­stance qui dimi­nue l’oxy­da­tion et qui pro­tège l’or­ga­nisme contre les dom­mages cau­sés par les radi­caux libres.
• Néoan­gio­gé­nèse : pro­ces­sus décri­vant la crois­sance de nou­veaux vais­seaux san­guins (néo­vas­cu­la­ri­sa­tion) à par­tir de vais­seaux préexistants.
• Nor­moxie : état du corps pour lequel le dioxy­gène (O2) en concen­tra­tion nor­male dans le sang per­met une acti­vi­té normale.
• Péri­cyte : cel­lule qui pos­sède de longs pro­lon­ge­ments cyto­plas­miques, loca­li­sée sur la lame basale des tubes endo­thé­liaux des vais­seaux, qu’elle entoure par ses prolongements.
• Stress nitro­sant : modi­fi­ca­tions de la struc­ture chi­mique des molé­cules par les espèces réac­tives de l’azote.

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